Lucie Soullier - Marianne | Jeudi 25 Mars 2010
Crise identitaire, trop cher, pas assez original, populiste... La polémique que suscite le 30e salon du Livre — dont Marianne est partenaire — qui s'ouvre ce vendredi 26 mars énerve ses organisateurs.
La pilule médiatique ne passe pas pour le directeur général de Reed Expositions, organisateur du salon (dont Marianne est partenaire ) pour le compte du Syndicat National de l’Edition : « je suis en colère devant les contre vérités qui courent ». Bernard Morisset renchérit : « c’est vraiment dégueulasse, pourquoi on cherche à tout prix à dire que le salon pollue ? » Le commissaire général du salon a beaucoup de mal à comprendre qui il gêne «en posant de la moquette et en mettant des livres dessus...»
LES ABSENTS SÈMENT LE DOUTE
Mais le gros morceau reste le groupe Hachette, qui se contente cette année d'une présence symbolique: 100 mètres carrés d'espace contre 900 les années précédentes, et surtout aucune des grosses maisons du groupe n'est représentée. L'argument avancé est le même que celui d'In Press: le coût des stands… Bernard Morisset n'en croit pas un mot. D'autant plus qu'« on leur a proposé que leur aménagement coûte moins cher. » En tant qu'adhérent au SNE, l'éditeur paye 213€ par m2 contre 209€ l'an dernier. La première augmentation en cinq ans. Si la gêne d'Hachette était uniquement financière, 800 m2 d'espace en moins semblerait en effet une réaction démesurée.
DES VELLÉITÉS DE RENOUVEAU
Les absents seront malgré tout regrettés par les organisateurs du salon qui souhaitent « être les plus exhaustifs possible ». Un atout commercial certain. Mais cette allure massive ne finit-elle pas justement par nuire au salon du livre ? D'autant plus que de nombreux petits salons, plus thématiques, se sont lancés sur le marché depuis quelques années. Une dimension communautaire qui manque encore au grand évènement parisien. Pourtant, la volonté d'aller plus loin que le simple aspect commercial en thématisant le salon est perceptible. Ainsi, la Russie, la Francophonie, l'Inde, Israël et le Mexique, pour ne citer que les cinq derniers, se sont vus mis à l'honneur.
En tout cas, « ça a de la gueule » lance Bernard Morisset. Et même s'il aurait préféré avoir «Mimi Cracra, Petit ours brun et la Bibliothèque Rose [Les éditions Bayard et Hachette, ndlr]pour les petits bouts », il a décidé de la jouer « à la Ruquier : passer cinq minutes sur ceux qui ne sont pas là et trois heures avec ceux qui nous ont fait le plaisir de venir ». 220 000 visiteurs sont attendus pour l'édition 2010 de la plus grande librairie de France. Une appellation que conteste son commissaire. Il préfère parler de «parc d'attraction» : «en moyenne, les gens restent six heures. Qui reste aussi longtemps dans une librairie à part le vendeur ?» Parc d'attraction ? Les auteurs apprécieront : si le salon est un parc, qui en sont les Mickey, à votre avis?