vendredi 16 septembre 2011

Le best of de Beigbeder: ça se discute

15-09-11 à 18:36 par Le Nouvel Observateur 1 réaction

Le XXe siècle en 100 livres? Frédéric Beigbeder présente son «un hit-parade du dernier siècle» dans «Premier Bilan après l'apocalypse». Un choix subjectif et discutable, que nous avons soumis à Catherine Millet, David Foenkinos, Philippe Sollers, François Bégaudeau et Pierre Jourde.

Frédéric Beigbeder s'est mis en tête de publier son "hit-parade" des livres du XXe siècle, dans "Premier bilan après l'apocalypse". Cinq écrivains nous disent ce qu'ils pensent de ce best of éminemment subjectif. (ici en DJ, au restaurant Marusya, à Moscou, le 27 mai 2010). © Iliya Pitalev/AFP

Frédéric Beigbeder s'est donc mis en tête de publier un «un hit-parade du dernier siècle». Il avait pratiqué l'exercice il y a dix ans, en commentant 50 livres élus par des lecteurs du «Monde» et de la Fnac. Ça s'intitulait «Dernier Inventaire avant liquidation». Cette fois, le sondage a été réalisé auprès de sa seule personne, et cet autoportrait d'un lecteur s'appelle «Premier Bilan après l'apocalypse». Comme on voit, la sobriété est une constante chez Beigbeder. Et comme il fallait bien justifier un titre si terrifiant, sa préface – pardon, son«making of» - fait un bel éloge du livre en papier, avant de glisser vers une diatribe assez tirée par les cheveux contre le livre numérique.

Les critères d'élaboration de ce top 100 sont si légers, au motif qu'«il faut toujours des exceptions pour confirmer une règle», qu'on ne se risquera pas à les résumer ici (*). L'auteur de «99 francs» ne le fait de toute façon jamais mieux qu'en présentant son livre pour ce qu'il est: un classement «subjectif, injuste, bancal, intime» et grand ouvert à ses contemporains.

On y croise aussi bien Malaparte, Salinger et Colette que Bret Easton Ellis (son idole), Carrère, Paasilinna, Gourio, Jauffret, le groupe Téléphone, et plusieurs lauréats du prix de Flore, présidé par... Frédéric Beigbeder. On s'interroge sur la présence d'Amélie Nothomb, on trouve bien paresseux ce qui concerne Nicolas Bouvier, on en ressort avec l'envie de lire Bernard Frank, Brautigan, André Blanchard, Pirotte, Vialatte.

Bien sûr, c'est amusant et agaçant. Comme tous les palmarès, comme Beigbeder. Au motif qu'«un livre ne doit pas parler comme un livre», c'est tantôt brillant et tantôt bâclé, dans un cocktail de lyrisme hyperbolique, de paradoxes réversibles, de blagues potaches et de belles citations. On a demandé à d'autres écrivains ce qu'ils pensent d'un tel panthéon.

Grégoire Leménager

Premier Bilan après l'apocalypse,
par Frédéric Beigbeder, Grasset,
430 p., 20,50 euros.

(*) Exemple: Beigbeder prétend ainsi avoir «exclu de ce nouveau club des 100» tous ceux qui figuraient déjà dans son «Dernier inventaire avant liquidation», mais n'hésite pas pour autant à réintégrer ici «Gide et Sagan, Perec et Vian, Hemingway et Fitzgerald» parmi ceux qu'il a personnellement choisis.

David Foenkinos

Philippe Sollers

François Bégaudeau

Pierre Jourde

Catherine Millet

Source: "Le Nouvel Observateur" du 8 septembre 2011.

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