lundi 14 septembre 2009

Les nouvelles technologies, ennemies du bon français ?

SMS et abréviations utilisés sur Internet sont volontiers accusés de faire baisser le niveau.

«Si l'orthographe était libre - libre d'être simplifiée ou non, suivant l'envie du sujet -, elle pourrait constituer une pratique très positive d'expression», plaidait Roland Barthes en 1976 dans une tribune intitulée «Accordons la liberté de tracer». Un plaidoyer que les internautes et les amateurs de SMS se sont approprié sans complexe. C'est ainsi que «cadeau» s'est transformé en «kdo» et «demain» en «2m1», qu'«avant» a perdu son «t»…

L'abandon de la dictée

«Le papier est un support à l'ancienne qui évoque l'école et les règles strictes, rappelle le sociologue Serge Guérin. Tandis que, sur un média moderne, les gens se montrent plus souples et s'accordent le droit d'inventer d'autres normes.» Bien évidemment, la rapidité des messages échangés sur le logiciel de dialogue MSN pousse à la faute. Quant au langage «Texto» ou «SMS», il a aussi été créé pour réduire le nombre de caractères envoyés afin d'alléger ses factures téléphoniques. Mais cette nouvelle manière de rédiger phonétique marque également pour ses jeunes utilisateurs une appartenance à un groupe et une distanciation avec les règles.
«C'est aussi une protection, une manière d'empêcher les autres de mesurer son niveau d'orthographe. Ce langage libère la parole, alors que, quand on écrit une lettre, on a l'impression d'avoir sa maîtresse d'école derrière son épaule», note Serge Guérin. Mais, alors que le langage SMS est désormais utilisé en entreprise et qu'il inonde la Toile, certains vont jusqu'à craindre un abandon de l'orthographe traditionnelle. Les linguistes dénoncent plutôt l'abandon progressif de la dictée ou la manière d'enseigner le français. «En fait, les élèves savent qu'ils utilisent un code», rassure Danièle Manesse, professeur de sciences du langage.

lefigaro.fr, par Agnès Leclair

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire