lundi 7 mars 2011

Un conte de Pouchkine révisé et censuré par l'église orthodoxe

On préfère le prêtre au pope...

Rédigé par Clément S., le jeudi 03 mars 2011 à 08h35



Ridiculiser un prêtre, au XXIe siècle, même dans un conte de fées, la Russie ne saurait trop le supporter. Quand bien même il s'agirait là de l'oeuvre d'un de ses classiques de la littérature, Alexandre Pouchkine.

Le conte du Pope et de son serviteur Balda, légèrement porté sur la critique religieuse, vient en effet d'être réimprimé. Et son éditeur n'est autre que la synode de la Sainte-Trinité d'Armavir, située dans le Krasnodar. Autant dire que l'on n'a pas ici affaire à des gens dont la qualité principale soit l'auto-dérision.

Et de fait, nous apprend le MoscowTimes, la version publiée ne s'est pas privée de faire disparaître les occurrences u mot 'pope', pour les remplacer par un terme plus adéquat, confirme Vladimir Viguilanski, porte-parole du patriarcat.

Avec un tirage - béni ! - de 3000 exemplaires, cette version épurée du texte écrit en 1830 est à destination des habitants d'Armavir, et plus particulièrement de ses écoliers - avec une utilisation fortement conseillée les dimanches.

L'histoire est entièrement rimée par Pouchkine, et raconte comment un prêtre radin engage un misérable qu'il paye en le frappant de trois coups à la tête. Au fil du récit, les tâches sont de plus en plus difficiles, et voilà que le serviteur Balda se rebiffe et finit par tuer le prêtre. Violent...

Alors que Pouchkine introduit une critique anticléricale, il délivre également une petite morale sur la cupidité. Or, si le romancier dans ses premières années adopta un comportement fort contre le clergé dans ses textes, le porte-parole cité par l'AFP rappelle qu'il «a évolué pendant des années vers une réconciliation avec l'Église à la fin de sa vie ».

Et le clergé d'assurer qu'ainsi, les écoliers auront accès à deux versions du texte, pour mieux appréhender le message de l'Église, qui n'est pas en opposition avec celui de l'écrivain.

Pouchkine en son temps avait fait face à la censure, puisque son éditeur, le poète Vassili Joukovski avait choisi de remplacer le prêtre par un marchand, dans la version parue en 1840. Ce n'est qu'en 1882 que le texte originel fut publié.

Une décision qui ne manque pas de rappeler ce qui est arrivé à Tom Sawyer, dont le mot nigger a été systématiquement remplacé par slave dans une nouvelle édition.


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